*Après un long périple, Tarawiel arriva enfin dans un monde civilisé. En effet, cela faisait des années qu'elle parcourait les forêts elfiques fuyant des hommes dont elle connaissait à peine l'identité. Elle n'était même pas sûre si elle était en faute ou si on lui voulait du mal. Peu importait. Elle avait décidé de s'entraîner nuit et jour dans ces forêts afin de pouvoir se défendre contre ces rustres qui semblaient avoir un lien avec l'armée des Elfes. 

Si Tarawiel savait une chose, c'était qu'elle haïssait les chefs des Elfes depuis qu'on avait exécuté son père pour trahison et qu'elle était devenue la risée de tous. N'étant qu'une enfant à cette époque, elle ne pouvait comprendre cette rage qu'avaient tous les autres. Sa mère l'a conduisit en lieu sûr mais mourra peu de temps après. C'est justement après la mort de sa mère que tout devint flou.

Et c'était pour essayer à la fois d'échapper à son passé et de retrouver sa mémoire perdue qu'elle avait décidé de voyager. Déjà pendant son entraînement, elle s'était aperçu que ses qualités au combat semblaient avoir été façonnées par quelqu'un. Elle maniait le sabre comme personne et s'était également rendue compte de sa capacité à anticiper les choses, ce qui lui sauva la vie plus d'une fois.

A son arrivée à Ashada, Tarawiel avait décidé de cacher son identité ou tout du moins la race à laquelle elle appartenait. Pour ce faire, elle portait une longue cape sombre avec une capuche qui lui cachait une partie du visage et surtout ses oreilles. N'ayant pas été dans la civilisation durant plusieurs années, elle ne savait rien des mentalités actuelles. Est-ce que les peuples se toléraient toujours? Est-ce que les Elfes étaient méprisés? Elle préféra donc jouer la prudence.

Ashada était une ville vivante, un peu à l'opposé de la personnalité de Tarawiel mais elle savait se fondre dans la masse. Ce jour-là, jour de marché, de nombreuses personnes déambulaient dans les rues à la recherche de la meilleure affaire: oranges au rabais, prix de la viande négocié, bétail troqué contre un bijou, rien ne manquait. Le regard de Tarawiel se posa alors sur un stand de livres venant de toutes les nations. Elle fut intriguée par la tranche d'un livre elfique: La Fabuleuse Bataille des Elfes contre le Monstre. Elle songea alors à quel point les Elfes étaient imbus de leur personne avant de se rappeler qu'elle en était une elle-même.*

Je n'ai rien à voir avec ces types, songea-t-elle. Mais qu'est-ce que...

*Elle regarda de plus près le livre et réussit à déchiffrer en sous-titre: La Véritable Histoire. Et si on cachait des choses sur les agissements des Elfes durant cette guerre. Ce ne serait pas la première fois qu'on nous mentirait. Mais pourquoi un Elfe irait-il écrire quelque chose qui le conduirait à une mort certaine? Comment ce livre pouvait-il rester en vente? Elle se contenta de l'acheter mais malheureusement elle n'avait pas assez d'argent sur elle. Avec tout ce monde, elle pourrait tout aussi bien le voler sans être vue. C'est ce qu'elle fit. Elle s'empara du livre, le cacha sous sa cape, partit en courant non sans entendre des hurlements "Au voleur! Au voleur!". Mais elle continua de s'enfuir montant sur les maisons. Grimper était devenu une habitude après ses années passées dans la forêt. Elle se cacha derrière une cheminée pour constater que l'homme de l'étal avait abandonné la fuite et partit un peu plus loin pour lire cet ouvrage tranquillement. Une fois arrivée sur un toit plat, elle s'installa pour profiter d'un moment de calme.*

-La classe est terminée pour aujourd'hui ! Pour demain, je veux que vous lisez le chapitre sur la Guerre contre le Monstre dans votre manuel ! Leur dit la maîtresse en souriant tandis que la cloche de l'école sonnait.

Tout comme Swan, les enfants quittèrent l'école en riant, tout heureux. C'était maintenant l'heure du goûter, et de rentrer à la maison. Comme à son habitude, la petite blonde traversa les rues de la ville de la Paix en compagnie de ses meilleurs amis, bavardant de tout, de rien, s'amusant un peu au cours du chemin. De toute façon, ce n'était pas les parents qui allaient s'inquiéter si les enfants tardaient un peu. Ashada était une cité qui assurait paix et sécurité pour les habitants. Aucun acte violent - du moins physique - n'était autorisée sur une autre personne, quelque soit la race à laquelle elle appartenait.

Quant à ceux qui désobéissaient à cette loi, et bien, Swan n'avait aucune idée de ce qui les attendait, mais ce qui était sûr, c'était qu'ils étaient punis. L'un des sujets tabous de la ville était aussi de parler de violence, ou du ce qui s'était passé lors des diverses guerres qui avaient séparés les nations. C'était du passé, mais, certains avaient parfois l'air d'y tenir, au passé. Alors on évitait les sujets un peu trop dérangeant. Cela ne dérangeait pas vraiment la fillette, puisqu'elle ne s'était jamais sentie concernée par toutes ces histoires, ni même ses parents, d'ailleurs. Tant que tout allait bien et qu'elle pouvait s'amuser.

La fillette fit de grands signes de mains à ses amis, leur disant au revoir, tandis que leurs chemins se séparés. Swan vivant un peu en retrait de la ville, elle devait encore traverser quelques pâtées de maisons avant de retrouver la sienne, celle de ses parents, entourée de ces jolies fleurs qu'elle aimait tant contempler, ou alors en humer le parfum. La petite se mit à fredonner une petite chanson, tandis qu'elle continuait de traverser les rues, ne se rendant pas compte qu'elle venait juste de passer devant un marchand un peu mécontent.

Le soleil était tout radieux, et la fillette avait hâte de rentrer chez elle, pour ensuite pouvoir demander à ses parents si elle pouvait de nouveau sortir - du moins, après en avoir terminé avec son devoir. Lire l'histoire de la Guerre, celle de cent ans auparavant, à laquelle beaucoup de monde faisait allusion. Swan était tout de même bien curieuse de pouvoir lire ce qui avait bien pu se passer pour que tout le monde y placent tant d'importance. Enfin, elle savait que c'était une guerre contre un monstre, mais elle ne connaissait pas tout en détail.

Elle leva la tête pour observer un oiseau qui chantait, sur le toit d'une maison avoisinante, avant d'apercevoir une silhouette, assise elle aussi sur le toit, plus calme que l'oiseau, par contre. La fillette admira la hauteur à laquelle était placée la silhouette, puis, en lui faisant un signe de la main, elle s'adressa à la personne inconnue :

-Bonjour, monsieur ! Ou madame ! Dites, sans vouloir vous déranger, j'aurais une question ! ... Comment vous avez fait pour monter sur ce toit ? Vous habitez ici ? En tout cas, c'est vraiment chouette, j'y avais jamais pensé. En même temps, le toit n'est pas super haut, chez moi...

Swan finit par se taire. Elle devait peut-être laisser la personne en haut parler...